Immobilier et développement durable : le grand tournant de l’année 2022
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Nous voici aux deux tiers d’une année dont on peut dire qu’elle est celle du grand tournant, en matière de prise de conscience du dérèglement climatique et de ses effets tangibles sur la planète, mais aussi de la relativité de la démocratie et de nos valeurs, de l’existence de deux autres blocs dont l’un a ouvertement déclaré la guerre à l’Occident et l’autre, dont on ne sait encore bien s’il choisira la voie des échanges économiques fructueux pour sa population ou la voie du renforcement du pouvoir personnel et du dogmatisme politique, là aussi contre l’Occident.
Grand tournant enfin dans l’économie, puisqu’on est passé en six mois, d’une inflation conjoncturelle résultant de la reprise après Covid, à une inflation structurelle générant un durcissement des politiques monétaires. Nous rentrons dans une ère de déglobalisation et de stagflation avec ses risques sur l’économie, l’emploi, le surendettement des Etats, les marchés actions et … les actifs immobiliers, qui ne sont toutefois pas défavorisés par l’inflation sous réserve d’un rendement en capital reposant sur une solide dynamique des revenus locatifs plutôt que sur la compression de taux de capitalisation. Aussi la sélectivité s’impose t’elle, ce qui signifie fatalement moins d’investissements immobiliers.
Nous enregistrons toujours, à la fin de ce second quadrimestre, un nombre de missions en hausse de 12 % par rapport à 2021 à la même date.
Tout cela a-t-il des conséquences sur l’emploi ? Pas pour le moment ! La recherche de main d’œuvre de façon générale et bien sûr, celle des Talents, sont toujours en très forte tension, le marché de l’emploi reste très dynamique et dans bien des secteurs, la capacité de production est limitée par l’insuffisance des effectifs.
« En matière de développement durable, c’est dans la construction, ainsi qu’au sein d’associations fédérant les acteurs de la construction, France et international, que nous avons travaillé »
Pour en venir à l’emploi des cadres de l’immobilier, nous n’avons pas, chez DVA Executive Search, constaté de baisse significative de notre activité ; tout au plus un ralentissement du rythme de la croissance sur les quatre derniers mois. Nous enregistrons toujours, à la fin de ce second quadrimestre, un nombre de missions en hausse de 12 % par rapport à 2021 à la même date.
Aucun ralentissement chez les promoteurs et aménageurs privés, bien au contraire! Les besoins restent considérables avec le retard pris et même si la commercialisation a fait grise mine au premier trimestre, les opérateurs doivent reconstituer leurs encours descendus à moins de 8 mois, limitant l’offre. Ils totalisent près de 45 ¾ de nos missions : plus de la moitié pour les directeurs du développement et responsables consultations, plus de 25 ¾ pour les directeurs et responsables de programmes, directeurs grands projets, directeurs opérationnels, 14 % pour les directeurs techniques, de projets, enfin, les directeurs de centre de profit – agence, région, direction générale – le solde. L’immobilier d’entreprise représente globalement 16 % des missions et les régions ont concentré près de 60 ¾ du total, ce qui est exceptionnel ! La plus grande part des postes de promotion régionaux revient étonnement aux Hauts-deFrance comme s’il s’agissait d’un rattrapage. L’Ouest vient ensuite – Pays-de-Loire, Normandie, Centre et Bretagne, puis, plus classiquement, PACA, Bordeaux et la région lyonnaise.
Les tensions sont toujours aussi fortes, en particulier dans le développement résidentiel diffus, ou la recherche du « professionnel confirmé idéal » s’avère souvent un casse-tête – les deux tiers des effectifs ayant changé d’entreprise depuis trois ans et moins – imposant un délai aléatoire, à moins d’aller chercher un autre profil que le cœur de cible. La tension est certes moindre mais reste forte sur les autres fonctions, notamment celles qui touchent à la maîtrise d’ouvrage technique dont les professionnels sont particulièrement sollicités. Nous citerons en référence une mission de recherche de « Country Head France » pour le compte d’un promoteur et investisseur international en immobilier d’entreprise et résidences services, qui s’est conclue par le recrutement d’un manager ayant 27 ans d’expérience, comme conseil en logistique puis en bureau avant de prendre des fonctions de développement et de valorisation dans la promotion en logistique, bureaux et activités, tantôt en association, tantôt en salarié/ mandataire social.
Après les promoteurs, viennent les investisseurs institutionnels, qui représentent 20 ¾ de nos missions, avec une forte dominante de transformation – Value-Add : projects managers, Head of project management, development project manager France. Suivent, dans l’ordre, les Asset-managers, Investment-managers, les analystes et « Quant(s) ». La commercialisation locative est également représentée, ce sont d’ailleurs les seuls postes que l’on peut trouver en région chez les institutionnels. Citons deux missions de chasse de « Head of France » que nous venons de rentrer, la première pour un investisseur international coté gérant plus de 10 milliards d’euros d’actifs en bureaux, logistique et parcs d’activités … , la seconde pour une foncière internationale de croissance en logistique. L’immobilier du commerce et de la distribution est en troisième position avec 16 % de nos missions essentiellement en expansion puis en travaux, Ile-de-France, région et DOM-TOM chez de grandes enseignes, en investissement, asset et property-management au sein de foncières spécialisées, enfin en commercialisation d’espaces commerciaux.
La construction, en l’occurrence management de projet, ingénierie, architecture, vient ensuite avec notamment deux directeurs régionaux au sein d’un contractant – entreprise générale, des postes d’ingénieur commercial, de directeur et chef de projet, chef de projet AMO, économiste de la construction, directeur administratif et financier, enfin nous venons de rentrer un poste de responsable énergie et développement durable chez un AMO spécialisé dans la logistique, accompagnant la clientèle d’opérateurs et investisseurs sur les aspects environnementaux et économie d’énergie, de formation ingénieur, ayant une expérience confirmée en cabinet de conseil spécialisé, groupe d’ingénierie ou de contrôle technique … Les postes de construction sont de façon générale très demandés et leurs titulaires sont donc difficiles à « faire bouger ». Ils ont représenté près de 10 % de nos missions à fin août. En matière de développement durable, c’est tout particulièrement dans la construction, ainsi qu’au sein d’associations fédérant les acteurs de la construction, France et international, que nous avons travaillé. Chez l’une d’entre-elle, nous étions missionnés pour trouver son délégué général. Parmi une short-list de six candidats, notre client a fait le choix d’une professionnelle de la communication, ayant une expérience de 25 ans, dans les matériaux de construction puis très vite orientée environnement/CO2, innovation, urbanisation, construction, recyclage, au sein de fédérations et syndicats professionnels. Ainsi apparaissent deux orientations pour les postes de développement durable : l’expertise technique dans l’ingénierie et le conseil, la communication et la capacité à fédérer au sein des organisations professionnelles et des entreprises, en position de stratégie RSE.
Les services et conseils à l’immobilier – notaires, administration de biens, conseil et transaction immobilière, le logement social – directions de programmes, responsables du développement Ile-de-France et région, fédération pour un directeur des études, enfin, les directions immobilières des entreprises utilisatrices – responsable pôle technique, responsable d’actifs immobiliers corporate, France et international, pour un leader du luxe, ferment la marche totalisant 10¾ de nos missions à fin août.
En matière de perspectives, nous sommes rentrés dans une période de grandes incertitudes, liées à la crise de l’énergie, à la guerre en Ukraine et contre l’Occident, à un environnement économique susceptible de nous faire rentrer en récession, aux conséquences du réchauffement climatique dont nous avons concrètement perçu les effets et les risques dévastateurs cette année, et qui fait débat dans tous les sens, y compris les plus négatifs. Même si la France, grâce à ses choix d’origine en matière d’énergie nucléaire est loin d’être le plus mauvais élève de l’Europe en émission de GES avec 6,8 tonnes de CO2 /habitant en 2019 – seule la Suède, à niveau de vie comparable par habitant fait mieux, même si l’Europe elle-même est une très bonne élève comparée aux grands pays (en tonnes de CO) habitant: Europe 7 ; Etats-Unis 16,6 ; Russie 11,51; Chine 7,1, sans parler des pays de la péninsule arabique, de l’Australie, du Canada, de la Corée du Sud, du Japon … ), nul doute que nous sommes dos au mur pour changer notre logiciel, sans s’autoflageller et en se rappelant que ce n’est pas en réduisant nos émissions, en étant particulièrement vertueux dans l’hexagone, que pour autant nous verrons la réduction des effets du réchauffement en France, car naturellement la problématique est mondiale. Il faut donc s’inscrire dans une nouvelle économie de croissance qui est celle de la conversion vers les énergies renouvelables et le recyclage, certainement pas dans la décroissance qui aboutirait à l’appauvrissement général. Elle doit être portée par la technologie, l’innovation, beaucoup de capitaux. Cela nécessite une coordination Etat pilote – Recherche – leaders industriels et énergétiques, et des accords au niveau mondial.
Sophie Vatté-Refes et Laurent Derote