COVID, Economie et inconscient collectif
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L’arrêt forcé de l’économie provoque un « Big One » mondial qui surprend par son ampleur et donne le vertige : la pandémie pourrait coûter aux Etats de 7.500 à 10.000 milliards de dollars, dont plus de 1.700 pour l’Europe. Ce séisme remet en cause des modèles économiques, crée des ruptures dans l’accélération – ou au contraire dans l’inversion – de tendances, orientations, usages et besoins.
La récession est là dans l’immobilier du commerce et du loisir, une forte baisse se profile dans le bureau, liée à la chute du PIB mais aussi à une rupture dans les usages : accélération brutale du télétravail et horaires flexibles. Un décrochement de l’investissement est certain, la logistique de proximité et à moyen terme le « clé en main » ainsi que les parcs d’activité en zone péri-urbaine pourraient tirer leur épingle du jeu, favorisés par une plus grande multipolarité habitat / travail, vecteur de centralités secondaires.
Quant à l’immobilier résidentiel, si les besoins sont toujours là, les conséquences de la crise vont se faire sentir : retards dans les autorisations de construire, accroissement des coûts de construction, effet de ciseau coûts / baisse des prix avec son corollaire, chute de la marge de promotion, difficultés induites pouvant aboutir à la cessation d’activité de promoteurs manquant de fonds propres. Les normes environnementales et sanitaires vont prendre beaucoup d’importance, le besoin « d’être au vert » et d’espace va plus souvent primer sur la proximité du lieu de travail, en faveur de la « rurbanité » : petite copropriété avec parc, maison individuelle, favorisé par le recours au home-office et à la flexibilité. CDC-Habitat et Action Logement / IN’LI vont répondre aux besoins en logements locatifs sociaux et intermédiaires au travers d’appels à projet et de plans de relance, ainsi que nombre d’organismes HLM au travers de VEFA en bloc, lesquelles vont remonter fortement dans les ventes de la promotion privée. Le redémarrage de l’accession à la propriété et de l’investissement locatif de particuliers traumatisés par la crise, ayant un sentiment d’appauvrissement, nécessitera sans doute des incitations à la demande tels que « PTZ revu » et « Pinel amélioré » si l’Etat y consent.
La crise est brutale et violente. Sans doute moins longue qu’en 1992, peut-être plus qu’en 2008, ses effets directs et induits vont aller bien au-delà des strictes dimensions financières et économiques, atteignant l’inconscient collectif avec la peur de « La Peste », ses risques – inégalités, violences et conflits sociaux, montée du populisme ou pire – et ses opportunités : retour aux vraies valeurs, recherche de lien social et de convivialité, prise de conscience de la nécessité du développement durable intégrant le sanitaire et sans dogme car « la Ville sur la Ville » n’en est certainement pas la clé.