Promotion immobilière : les enjeux de recrutement en région

« Un directeur du développement ? Cela fait un an que j’en cherche un sans succès, et ce n’est pas faute d’y avoir mis des moyens ! », telle est la réaction d’un manager de la promotion immobilière dans une grande métropole de l’ouest, que nous interrogions « en sourcing » pour l’une de nos missions de chasse sur la région.

L’assèchement des professionnels de la promotion immobilière ouverts au changement du fait des forts besoins des promoteurs au lendemain de la crise du covid et d’un marché des cadres bien moins profond que celui de l’Ile-de-France, auquel s’ajoute parfois la défiance vis-à-vis des promoteurs qui ne sont pas « du cru », touche désormais les métropoles régionales, en premier lieu pour les développeurs « diffus ». Ultra-sollicités – certains évoquent trois contacts par semaine – ils sont au mieux en disposition de choisir, au pire, harcelés par des appels qu’ils considèrent incessants.

Ainsi assistons-nous, sur l’ensemble de l’hexagone, à une pénurie de professionnels du développement, mais aussi dans une moindre mesure, de ceux du montage et de la production : programmes et maîtrise d’ouvrage technique, conception et réalisation.

Face à ces difficultés les nationaux ou multirégionaux dont le siège est basé en Ile de France cherchent à pourvoir ces postes par mutation, ce qui n’était pas le premier choix il y a encore trois à quatre ans.

Par ailleurs, certaines métropoles bénéficient d’une proximité TGV avec Paris. Pour d’autres, lorsque se conjuguent pénurie de profils, éloignement de Paris et bassin d’emploi plus limité (générant la difficulté de retrouver un emploi pour le conjoint), les promoteurs doivent se montrer encore plus ouverts et inventifs en s’ouvrant à des profils d’autres opérateurs : ESH, SEM, EPA, CCI, conseils et prestataires de services – gestion de biens, transaction, agences immobilières… ou encore professionnels de l’expansion issus du commerce de périphérie au sein d’enseignes de la distribution…

Les enjeux pour les promoteurs en région sont de taille : reconstituer le stock en composant avec la tendance au malthusianisme foncier de nombreuses métropoles. Les besoins sont là mais l’équation a de plus en plus d’inconnus. Ceux évoqués, et de plus l’accroissement des coûts de construction et les ruptures d’approvisionnement dus à la guerre en Ukraine, l’augmentation des taux d’intérêt, le durcissement des conditions d’octroi des crédits…

Pascale Ben-Baruch et Christophe Blas